LE BASSIN DU CHÂTEAU CASTELROC HAUT

Par Rémy Alacchi – Tous droits réservés

Depuis des décennies nous avions entendu parler de ce bassin. Les anciens parlaient d’une piscine au-dessus du château aux alentours de l’actuel garage du Ruissatel. Encore récemment, un témoignage datant des années 1960 m’attestait de la présence ancienne d’un bassin quelque part au-dessus juste à l’amorce de la colline.

J’avais effectué de nombreuses recherches sur le terrain et rien me permettait de le localiser clairement

le château dans les années 50. Le perron est orienté ouest. On Devine derrière le pin parasol qui a été coupé il y a quelques années

En fait, j’avais comme une erreur de localisation du château. J’ai eté pendant des années persuadé que le bassin ne pouvait se trouver qu’au-dessus du Garlaban. Et l’ on en aperçoit d’ailleurs actuellement une ancienne rocaille en forme de haricot et constituée de pierres très ancienne ( nous y reviendrons dans un prochain article)

Cela fait plusieurs années que j’en avais eu l’intuition. Des recherches récentes sur le terrain me conduisent à poser l’hypothèse suivante.

Un bassin d’agrément ainsi qu’une grotte artificielle a dû exister sur les hauteurs du château au-dessus de l’actuel garage du Ruissatel.

Reprenons nos travaux précédents pour comprendre le contexte de nos recherches

Emplacement du château :

J’ai longtemps été dans l’erreur quant à l’emplacement du château que je croyais plus à l’est qu’il n’était en réalité. C’est le pin immense derrière qui m’a servi de point de repère et que je l’ai confondu avec un arbre qui existe toujours. Je le pensais sur l’emplacement du garlaban alors qu’il en réalité un peu plus loin devant le Ruissatel

Premièrement j’ai toujours pensé que le sentier ancien qui menait sur l’éperon du château et tu es resté identique. Rien de moi sur car d’après mes dernières hypothèses le château devait se trouver à peu près sur la pelouse au-dessus du garage du ruissatel juste devant l’immeuble. À cet endroit les propriétaires devaient jouir d’une magnifique vue sur la mer le château était positionné sur un remblai sablonneux dans la pinède.

Sur la photo, on devine très bien le sentier qui serpente devait se trouver a l’emplacement du petit bois. Et cela peut paraître cocasse quand on connaît les configurations actuelles du lieu. En effet, les nombreux remblais pour la construction des immeubles ont complètement modifié la pente naturelle initiale du terrain.

Rappelons que la construction du château remonte à la première partie du 19e siècle, on imagine aisément pour les propriétaires d’alors la complexité pour accéder au sommet en calèche ou a cheval.

Nous apercevons encore le pin devant lequel était positionné le château. Juste à l’entrée sur la droite du parking haut du Taoumé

Le château des Roches – 1950

Ancien chemin d’accès ou rampe qui conduisait au château. Toujours visible dans le petit bois

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LE BASSIN

Nous sommes bien d’accord que la présence du bassin au-dessus du château des Roches.

Nous avons de nombreux témoignages, en outre quelques photos permettent d’envisager assez facilement son existence.

De nombreuses questions subsistent toujours . Si nous avons à peu près résolu la question de son emplacement, une autre subsiste : Comment le bassin était-il alimenté en eau

L’on peut apercevoir dans l’encadré bleu sur la photo des années 1950 le bassin d’agrément. Il est d’ailleurs encore visible de nos jours

En 1999, au dessus de l’ancienne pièce d’eau en forme de haricot, nous avions trouvé des morceaux de tuyauterie en argile. A l’origine, eux–ci très certainement enterrés se vissaient les uns dans les autres. Les multiples soubresauts du terrain les on fait réapparaître. Ces tuyaux de belles factures avaient une fonction unique : alimenter le bassin d’agrément en eau.

Plusieurs questions restent à ce jour en suspens

  • D’où venait l’eau et un système d’irrigation a-t-il existé ? Si vous vous rendez sur les lieux, vous pourrez voir ce rectangle de pierre étrange.  C’est une redécouverte récente que le défrichement a permis de mettre au jour. Ce quadrilatère est constitué des mêmes pierres que les restanques. Un détail est certain, il se trouve en promontoire de la salle d’eau et du bassin.

Examinons le de près,

Première possibilité, il était peut être la base d’une citerne qui captait l’eau de pluie ou d’une source qui dévallait le long de la colline pour venir irriguer le bassin, la salle d’eau et peut être les cultures des restanques.

Deuxième possibilité : il était le lieu de stockage d’une eau pompée depuis le canal en contrebas (Le dénivelé est important mais la distance ne l’est pas (moins de 100 mètres depuis le canal en contrebas)

Il est possible qu’un système d’irrigation ait existé (peut-être en circuit ferm) pour alimenter en eau le bassin d’agrément. La présence de la tranchée toujours visible pourrait confirmer l’hypothèse d’une ancienne conduite d’irrigation. Celle-ci semble se diriger vers les restanques, mais rien ne nous permet d’affirmer que l’eau captée ait pu irriguer les cultures à des fins agricoles

LA GROTTE ARTIFICIELLE

En regardant de près la roche à cet endroit, l’on s’aperçoit que celle-ci a été tapissée d’un enduit de ciment. Dans quelle but ? Maintenir la roche ? La rendre moins anguleuse.

Sur la photo, l’on peut remarquer dans le cercle bleu que l’eau avec le temps a poli la pierre . L’eau a dû ruisseler a cette endroit .Cet écoulement d’eau n’avait rien de naturel, il devait provenir de plus haut et artificiellement

Une grotte artificielle a donc pu exister à cet endroit a proximité du bassin. Si nous n’avons pas la certitude, nous savons que les riches bastides marseillaises possédaient souvent un bassin d’agrément et une grotte artificielle (Bastide Bois Fleuri).

Autre point important, nous savons que le château possédait un bassin et nous avons retrouvé les anciens conduits d’eau en terre cuite. En outre, una ancienne éminence en pierre servant de château d’eau existe toujours au dessus du présumé bassin.

Enfin, autre point important, le lieu tel qu’il se présente aujourd’hui parle plus que toutes mes lignes.

A cet endroit, la terre remuée lors de la construction des garages du Ruissatel semble parler de nouveau. particulièrement meuble, le terrain dévoile une crevasse sur la gauche attestant d’une cavité souterraine. Peut-être est-ce l’emplacement de l’ancien bassin. En tous les cas, la photo de 1951 l’atteste à cet endroit précis

Trois ans c’est par les deux photos nous percevons très bien que les mouvements du terrain font reapparaître l’arrondi du bassin.

Les travaux le terrassement pour la construction du garage du Ruissatel en 1970 avait fait complètement fait disparaître les témoignages des siècles passés. Et c’est la nature qui nous les rend.

AUTRE INTERROGATION – LA SALLE D’EAU

Enfant, lorsque nous la découvrîmes, la salle d’eau était beaucoup moins altérée qu’aujourd’hui. En 1975 , celle ci avait conservé sa forme et des pans. Au sol, du carrelage bleuté avec un conduit d’évacuation au centre.

Nous l’avions appelé la salle d’eau car il n’y avait aucun doute possible quant à la destination ancienne de cette salle. Dans notre logistique d’enfant , nous l’avions associé au château car la légende locale était parvenu jusqu’à nous . Nous savions qu’un bassin avait existé à cette endroit

La salle d’eau 2024 . Le revêtement en céramique bleuté que nous avions connu enfants a complètement disparu

Nous avions initialement pensé que cette salle puisse consister en une salle pour se changer et se baigner dans l’eau d’un bassin. Hautement improbable en vérité. Il serait difficilement concevable d’envisager les propriétaires et les châtelains ni même se doucher à cet endroit. Et puis il y avait la céramique au sol et le trou d’évacuation. Quelqu’un avait construit à cet endroit une douche mais nous ne savions pas qui

Plusieurs points demeuraient mystérieux. Cela ne collait pas : même enfant nous en avions conscience.

Pourquoi mettre une salle d’eau à côté d’un bassin ? Cela ne tenait pas la route. Pourtant le mythe de la salle d’eau attribué au château se perpétua jusqu’à très récemment.

Des visites multiples sur le terrain m’ont permis de repérer plusieurs détails. Premièrement le ciment de la salle d’eau n’est pas le même que l’enduit posé sur la pierre environnante.

Deuxièmement, la salle d’eau semble avoir pu bénéficié d’une installation plus ancienne d’adduction des eaux. Quelqu’un a donc habilement détourné l’installation ancienne de sa vocation esthétique et symbolique initiale. Nous pouvons également constater que ceux qui ont bâti la douche ont habilement posé sur la roche, utilisant ainsi la déclivité naturelle du terrain. Tout semble nous indiquer qu’à une certaine époque, le lieu n’a pas eu la même utilité que du temps des propriétaires du château.

Nous savons que ceux-ci ont occupé le château jusqu’à l’arrivée des Allemands en 1942.

Une discussion récente avec l’un des descendants de la famille propriétaire du château m’a fait considérer le problème autrement.

Reprenons notre fil : S’il est peu probable que la salle d’eau ait être construite par les propriétaires du château, la famille Guérin, c’est donc qu’elle a été bâtie après.

Après élimination de toutes les probabilités, il ne reste qu’une hypothèse viable. Il est tout à fait envisageable que les Allemands aient utilisé l’ancien bassin, ainsi que les anciennes arrivées d’eau pour alimenter une douche pour les soldats logés à l’extérieur du château. Nous savons qu’il étaient plusieurs centaines dans des baraquements alentours et notamment près du canal. Il est même tout-à-fait possible que la salle ait été construite à l’emplacement mème de la cavité de l’ancienne grotte artificielle.

Pourtant si nous faisons l’hypothèse d’une réutilisation par l’occupation allemande de cet endroit pour installer une douche. Il y a un détail qui ne colle pas puisque nous sommes nombreux enfants à avoir vu le carrelage en céramique bleuté qui tapissait la pièce ainsi que le sol.

Il est vrai que je me souviens très bien de la richesse et du raffinement de cet endroit lorsque nous l’avions découvert en 1975. Difficile de ne pas l’associer à l’exigence aristocratique du château. Pourtant nous n’avons aucune certitude

CONCLUSION

Si le raffinement de cette décoration de la salle d’eau fait penser à une extension du château, il est difficilement envisageable que les propriétaires du château se soient baigné à cet endroit. J’en ai d’ailleurs eu confirmation par les descendants de la famille des anciens propriétaires.

Une salle d’eau n’avait donc aucun intérêt à cet endroit

Si nous faisons hypothèse probable d’un remploi par les Allemands pendant la guerre à des fins hygiéniques. La décoration en faïence de correspond pas avec l’exigence de la guerre. Pourtant cette hypothèse n’est pas complètement a abandonner.

Pour l’heure, nous pouvons aucunement nous avancer pour l’une ou l’autre des hypothèses

L’avenir peut-être nous donnera la clé de ce mystère qui a bercé notre jeunesse dans les colline de Castelroc

En nous inspirant d’une grotte artificielle toujours visible dans le quartier Saint Just à Marseille, nous pouvons aisément imaginer l’ancienne grotte du château des Roches. D’ailleurs sur cette photo, nous pouvons remarquer l’emploi d’une technique d’enduit en ciment identique pour simuler la rocaille d’une grotte.

Grotte artificielle quartier Saint-Just Marseille

Il est très émouvant pour moi de mettre en forme toutes ces impressions que j’avais eu enfant, lorsque je découvris ce lieu pour la première fois trente ans après la fin de la guerre. Et il est très gratifiant de décoder ces lieux dans la mémoire collective n’a pas conservé d’autres traces que celle que nous pouvons constater sur le terrain.

Remy Alacchi

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