TOUR DE LA ROUVIÈRE : Génoise vraiment ?

Par Rémy Alacchi – Tous droits réservés octobre 2025

Photo Goggle earth

Photo Goggle earth

Je suis tombé récemment sur de très jolies photos sur facebook mettant en lumière une tour sur la crête du Mont Rouvière. Si j’ai pu noter que cette tour avait été nommée tour génoise., je suis sceptique quant à sa dénomination.

TOUR GÉNOISE ?

Rappelons premièrement qu’une tour Génoise tel que l’on en connait en Corse est une tour installée le long du littoral sur les anciens territoires de la République de Gênes. Une rapide recherche sur Wikipédia nous apprend que ces tours datent majoritairement du 16e et 17e siècle. Si tel était le cas nous serions en présence d’une tour d’une grande valeur historique et il serait impératif d’en favoriser le classement pour éviter sa dégradation.

En réalité, je pense que nous sommes ici en présence d’une tour ni ancienne. ni Génoise . Notons d’ailleurs que sa dégradation est relative et même au contraire, celle-ci ci apparaît en assez bon état. J’avance en effet que cette tour doit dater du 19e siècle

Je reste prudent quant à mes analyses car mes mes investigations sont sommaires et parcellaires. D’ailleurs, je n’ai pas eu encore le loisir d’aller sur le terrain observer de près la tour. Ceci dit la ressemblance avec l’autre tour située à Saint Tronc est indéniable.

TOUR D’OCTROI OU TOUR BELVÉDÈRE ?

Un examen plus complet sur Goggle earth nous permet de repérer que la tour est au sommet d’un dispositif comprenant un ensemble précis. : Une tour et un mur qui ceinture la colline depuis les collines de vaufreges, le mont Rouviere puis le mont Sainte Croix à Saint-Tronc

Rappel historique : Des tours Génoises sont visibles en Corse mais celles- ci avaient une vertu défensive et militaire car avant d’être française la Corse était Génoise. , Je ne crois pas que nous soyons ici dans ce cas de figure. .Comme j’en avais fait l’hypothèse dans un article plus ancien, il me semble que nous sommes en présence d’un édifice datant du 19e siècle et construit par l’administration pour réguler la contrebande dans les collines. Nous pourrions presque les appeler des tours d’octroi. Nous pouvons également apercevoir sur Google earth ces murets qui courent sur la crête et qu’il serait intéressant d’explorer plus précisément.

L’observation ( sur photo ) de la tour nous permet également de remarquer que la tour semble de la même composition brique et pierre que la tour qui se trouve au-dessus de Castelroc à Saint-Tronc. Dans un précédent article. j’avais fait l’hypothèse que la brique est un isolant naturel qui prévient du froid la nuit. C’est donc peut-être que la tour devait être en quelque sorte occupée en continu par des fonctionnaires chargés de la surveillance.

Pour revenir sur le dispositif, notons les murets très impressionnants er dans un bon état de conservation qui courent presque de façon discontinue sur toute la colline. Je pense que les promeneurs de nos collines les connaissent bien.

Concernant l’origine de ces murs, un ancien m’avait raconté qu’il s’agissait peut-être d’ouvrages permettant de délimiter les espaces destinés aux cultures ou aux pâturages des troupeaux de chèvre ou de brebis.

Je doute à nouveau de cette possibilité car la construction de tels murets aurait été bien trop fastidieux, onéreux et parfaitement inutile pour des propriétaires privés . L’initiative d’une administration est plus probable. C’est à dire une construction prise en charge par les deniers d’une autorité municipale au royale dans les siècles passés

Photo Goggle earth

Seule l’administration fiscale aurait eu les moyens et la volonté de mettre en place un dispositif de contrôle et de régulation par le biais de murs dissuasifs , d’entraves aux déplacements et de tours d’observations qui imposaient ainsi un contrôle aux populations.

PISTES POSSIBLES

Un examen plus approfondie des photos de la tour de la Rouvière n’est pas inutile. Nous percevons une architecture assez sommaire mais intéressante puisqu’elle présente des créneaux avec une ogive. Ce fait peut nous amener à penser que la tour est plus ancienne, qu’elle ne l’est réellement. Nous pouvons sans trop nous tromper imaginer que ce style est néo médiéval ,reprise de style plus ancien ; C’était d’ailleurs à la la mode à la fin du 19e siècle

Situation déconcertante car je vois mal l’intérêt d’une esthétique si raffinée pour un ouvrage administratif. Mais alors ! Quelle est la vocation de cet édifice ?

Une fantaisie ? Une folie ? , une tour Belvédère ? Comme nous pouvions en trouver dans la propriété Bergasse a Mazargues ?

Tout à fait possible en vérité car ce type d’architecture plus iconoclaste, mélange de deux styles serait légitime pour une tour d’agrément.

Saluons la performance car bâtir une tour à cet hauteur était la tour était quand même une performance.

Dernière phase de notre réflexion : s’il s’agit d’une tour belvédère . A quelle propriété a-t-elle appartenu ? Peut-être à la famille Bonasse qui possédait la propriété la Rouvière en contrebas depuis 1880 et sur laquelle le quartier nouveau de la Rouvière sera construit dans les années 1970..

Enfin s’il s’agit d’une tour belvédère pourquoi construire un muret d’une telle longueur et surtout pour quelle utilité sur un terrain privé ?

CONCLUSION

Pour conclure pour qu’il puisse s’agir une tour Génoise, il aurait fallu que la domination des Génois s’exerce suffisamment au 16e et 17e siècle sur Marseille pour imposer un édifice militaire sur un territoire souverain et allié. un autre depuis le moyen-âge les liens avec Gênes etaient cordiaux, ( echanges culturels, économiques et politiques puis diplomatiques) Nous savons également que Gênes a été un partenaire militaire, une grande loyauté existait donc entre les deux cités et Il est difficilement concevable que Gênes put imposer à la ville de Marseille des tours militaires. Sur ce dernier point je reste néanmoins sceptique et en attente de nouvelles sources

Vous l’aurez compris, je pense fortement que nous avons à faire précisément à une tour 19e de style néo médiéval dont la vocation reste incertaine, même si j’oscille entre la possibilité d’une tour d’octroi et de contrôle de la contrebande ou d’une tour belvédère ayant appartenu à une propriété proche en contrebas

A suivre – Rémy Alacchi – tous droits réservés Saint Tronc.com

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