CHEMINS DE PROCESSION COLLINE SAINTE CROIX – NOUVELLE DÉCOUVERTE






Au cours de mes ponctuels passages sur Marseille, il m’arrive très souvent de remonter dans les collines. A la manière d’un archéologue, je ne manque pas une occasion pour réinterroger le sol et trouver des nouveaux indices. Les entretiens récents autour de la résidence Castelroc ( débroussaillage élagage et coupe de certains arbres ) m’ ont permis de considérer et de comprendre d’une façon nouvelle le tracé des anciennes routes des processions.

En plusieurs endroits, à des niveaux différents de hauteur de la colline, l’on peut constater que le gabarit du sentier reste quasiment identique et ce malgré la sinuosité du parcours. Cette exigence interroge, comme si cet ouvrage de plusieurs kilomètres dans la colline avait respecté un cahier des charges précis et très contraignant .
Cela nous pose une question importante car cela induit le fait d’une volonté technique d’une précision et d’une grande rigueur.
En l’absence de documents, nous pouvons absolument pas dater mais nous pouvons faire l’hypothèse en tous les cas d’une grande exigence du maître d’oeuvre lors des tracages et creusement des sentiers.
Nous pouvons bien entendu envisager un financement par les autorités religieuses de Marseille, l’évêché ou les moines de Saint-Victor qui possédaient les terrains depuis le moyen- âge.
En observant attentivement les vestiges au sol encore visibles, l’on imagine aisément le travail des maçons opérés en plusieurs endroits sur le sentier et l’on ne peut être qu’admiratif du travail effectué. Celui -ci a perduré des siècles durant et il esr encore apparent de nos jours.
Lors d’une visite récente sur le terrain, je me suis interrogé sur l’état de conservation de ces sentiers Il est étonnant qu’un chemin à travers les collines ait pu conserver un tel aspect..
La précision des artisans d’alors ne peut être pas la seule explication.
Cette conservation peut s’envisager sous un autre angle.
Nous possédons quelques détails historiques précis nous savons que la chapelle au sommet a été déclassé au 17e siècle.
Nous savons grâce à l’abbé Cayol que la chapelle au sommet a été déclassé à la fin du 17eme siècle et que le sentier avait été utilisé depuis des temps immémoriaux avant d’être supplanté par le passage des Trois Ponts ( traverse de Sainte-Croix )
Nous pouvons donc faire l’hypothèse que les processions dans les collines de Saint-Tronc se sont donc arrêtées à ce moment-là. Peut-être en effet ce sont- elles interrompues officiellement mais cela n’est pas sûr. Le caractère symbolique de l’ascension est bien plus prégnant par la colline qui ne l’est par la traverse de Sainte-Croix. Il n’est donc pas impossible que les sentiers eussent été empruntés bien après son déclassement. La question devient donc passionnante. Si le sentier des collines a été déclassé au 18e siècle au profit d’une autre route plus facile. Et si l’on exclut un sentier de procession, l’on ne peut exclure l’utilisation du sentier pour d’autres raisons. Dans ce cas-là nous marchons à l’aveuglette car nous n’avons aucune certitudes historiques à ce sujet.
Si l’on fait une analyse différentielle, nous pouvons aussi objecter le fait d’une usure normale des pierres utilisées pour le sentier.. Mais , guidé par ma curiosité. je ne me satisfais pas de cette probabilité. Cherchons donc ailleurs
Il doit exister une autre explication qui peut expliquer sa pérennité, voir sa consolidation.
Si les autorités religieuses ont cessé d’utiliser le sentier de procession de Saint-Tronc . Qui donc l’utilise pendant des siècles jusqu’à nos jours ?
Si le sentier que nous avons sous les yeux top sa vocation religieuse au 18e ? :Comment expliquer son état de conservation actuel ?
Une autre aspect de nos recherches va peut-être nous aider à formuler un autre pronostic.
Pour ceux qui connaissent les collines, il est impossible de rater le fortin dont l’utilité et la présence a été un mystère pendant longtemps..
L’année dernière, par recoupement nous avons formulé une nouvelle hypothèse quant à son utilité. Il serait d’ailleurs facile de la confirmer en consultant les archives du siècle dernier.
https://sainttronc.com/fortin-de-castelroc-haut

Pour ceux qui connaissent cet article, j’avais fait l’hypothèse que le fortin avait dû être bâti par les services de douanes pour lutter contre la contrebande à travers les collines. C’est-à-dire pour limiter le contournement des deux octrois : celui de Saint-Loup et celui de Vaufreges. En contournant les octrois, les contrebandiers éventuels pouvaient ainsi contourner l’imposition et les taxes sur les denrées alimentaires qui entraient à Marseille.
Lors de mes recherches sur le fortin, un détail m’avait à l’époque interrogé. Placé en promotoire, cet édifice est placé sur un sentier très large, potentiellement sur le tracé de l’ancien sentier de procession. Je suis à peu près certain que ce que le sentier une fois déclassé a dû être utilisé de façon tres différente.
En corrélant alors les deux hypothèses, nous pouvons nous avancer davantage.
– Si le sentier a été déclassé au 17e
– Si les processions religieuses ont pris un autre chemin au même moment
– Si nous considérons l’état de conservation actuel des sentiers
3 questions se posent
L’état de conservation est-il du hasard ?
Le sentier a-t-il vraiment été entretenu ?
Si oui
Qui a entretenu ces sentiers ?
Pourquoi et dans quel but ?
Difficile d’imaginer de tels travaux d’aménagement opérés par des chasseurs car cela est bien trop coûteux et aléatoire quant au résultat.
Nous pourrions envisager des travaux opérés par des paysans pour accéder à des terrains en restanques dans les collines ( cette hypothèse est plus que vraisemblable ) mais je n’ai jamais retrouvé de vestiges de restanques dans les collines, alors qu’elles sont très nombreuses au pied du mont Sainte-Croix
Une autre possibilité est envisageable une activité pré- industrielle, de type carrières ou four à chaux comme nous le trouvons dans le parc des Bruyères, Vallon de Toulouse ou Vaufreges..

Peu crédible en vérité, du fait de la hauteur et du manque d’accessibilité du sentier pour une activité de ce type. En plus que nous savons que l’activité des fours à chaux ai Vallon de de Toulouse s’exerçait aux alentours de l’actuelle carrière ( c’est-à-dire au pied de la colline ). Quant à l’éventuelle carrière , nous savons qu’ella existé sur l’emplacement de l’actuel stade castelroc. Une carrière à ciel ouvert à existé au pied au pied de la colline. Difficile d’imaginer une carrière plus en hauteur qu’aurait pu desservir un sentier de desserte d’une activité de carrier.
Une dernière probabilité me paraît la plus plausible.
Si l’on fait l’hypothèse d’un premier sentier de procession depuis le moyen-âge jusqu’au 17 ème siècle. Déclassé, celui-ci reste à l’abandon, mais l’état de conservation actuel nous incline à penser que son utilisation a perduré bien au-delà jusqu’à nos jours
Reposons-nous la question. Qui aurait pu avoir intérêt à utiliser un sentier déjà existant à entretenir les accotements, et à en l’utiliser fréquemment les accès ?
La réponse est peut-être dans les collines.. Je n ai aucune certitude mais je pose tes probabilités
Si l’on considère que le fortin est un ancien lieu de surveillance de la douane pour éviter la contrebande entre les deux entrées de Marseille.
Si l’on observe que les deux postes de surveillance sont placés sur les anciens chemins de procession
Si leux deux postes de surveillance existent dans les collines, l’un a Saint tronc, l’autre au Cabot. Il est fort probable que l’administration ait eu vent des trafics
Nous sommes obligés de spéculer car nous n’avons aucune source qui l’atteste. Mais intuitivement : Si ses sentiers ont été entretenus, s’ils se sont maintenus au cours des siècles c’est qu’ils possédaient une importance suffisamment grande pour que l’on investisse dans des travaux d’entretien.
Certains d’entre vous connaissent peut-être les murs de délimitations visibles dans les collines au-dessus du cabot.
Sur Google earth, nous voyons très bien cette délimitation. Ce mur connecte d’ailleurs avec un autre poste d’octroi au-dessus du château berger au Cabot. J’ai longtemps cru que ce mur devait délimiter les parcelles des chevriers mais aujourd’hui je n’en crois rien.
Je suis à peu près certain que nous sommes à nouveau devant la volonté de l’administration de réguler les trafics de contrebande par les collines.
Les murs et les postes d’octroi m’incline à penser ainsi.
Nous approchons donc du dénouement possible de l’affaire
Si les sentiers très anciens se sont maintenus, ont été consolidés réparés c’est qu’ils étaient empruntés fréquemment et qu’il possédait une certaine valeur stratégique.
( Oublions les processions car à la fin du 17e elle n’en prend plus ces chemins )
Il est fort possible par conséquent que les collines de Saint-Tronc, du fait de leur proximité avec les deux entrées Sud de Marseille aient pu faciliter le contournement des deux postes d’octroi, donc des deux douanes.
Posons donc notre équation finale
- Soit l’entretien du sentier de la colline et du fait des contrebandiers soit l’entretien et du fait des douaniers.
- Soit les uns ont eu besoin d’un sentier entretenu et large pour faire passer les mules ainsi que les marchandises de contrebande. – Soit les douaniers ont eu besoin d’un sentier facile d’accès pour permettre aux fonctionnaires de sillonner facilement la colline à la recherche d’éventuels contrevenants.
En guise de synthèse provisoire, je dois bien reconnaître que ma démonstration n’est que pure spéculation car elle ne soulève que des questions hélas sans réponses. Ces hypothèses, quoique séduisantes peuvent s’avérer trop rapides et erronées car pour l’heure aucun document ne vient les attester. Elles ont néanmoins le mérite de soulever des interrogations et des doutes sur la destination de ces anciens sentiers de procession incroyablement bien conservés.
A SUIVRE…
Par Rémy Alacchi – Tous droits réservés – Janvier 2025
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