DES CENTRONES A SAINT TRONC

Par Rémy Alacchi – Tous droits réservés – 1999

Source : Alfred Saurel, Dictionnaire des villes, villages & hameaux du département des Bouches-du-Rhône, Marius Olive, 1878

DES CENTRONES A SAINT TRONC
Je vous propose cette fois-ci de suivre les propos d’Alfred Saurel, historien provençal du XIXè siècle qui publia en 1878, une étude descriptive, statistique et historique des banlieues de Marseille. Ce travail d’une grande richesse bibliographique présente l’intérêt suivant l’auteur se promenant dans chaque quartier en décrit l’ambiance, les curiosités, les particularités. C’est ainsi qu’il nous fournit un précieux témoignage de ce qu’il perçoit du Marseille des années 1818 – 1878.

Saint Tronc – La place

Plus de cent ans plus tard, nous pouvons nous mettre à la place de ce promeneur solitaire qui par un beau matin arrive à cheval dans le quartier de St Tronc.

Le hameau de St Tronc, situé entre St Loup et Ste Marguerite, occupe les angles d’un carrefour formé par le chemin n35 de St Tronc, le chemin qui conduit au Pont de Vivaux et une traverse qui aboutit à l’ancien monastère.

Le hameau n’est pas considérable il est formé d’une demi-douzaine de maisons à côté desquelles se montre le local de l’école publique. Que l’on remonte ou que l’on descende le chemin vicinal n35, on voit, à droite comme à gauche, de belles propriétés largement ombragées et refermant des bastides bâties avec un confort et une élégance qui donnent une idée fort avantageuse du bien-être de leurs possesseurs.

Si l’on tient à se rendre compte des points de départ et d’arrivée de ce chemin, il faut se rendre jusqu’à Ste Marguerite, au Nord-Ouest, ou jusqu’au “Grand pin” au Sud. C’est à ce dernier endroit que se termine le chemin entretenu par la ville. Si l’on continue à suivre la voie carrossable qui s’y soude, on s’engage dans le vallon de Toulouse qui est formé par la montagne Ste Croix et le mont Rouvière.

Notre historien s’interroge
Le personnage de Saint Tronc a-t-il existé ?

Non, nous dit l’auteur car Saint Tronc est un être imaginaire, inconnu dans la liturgie. Alfred Saurel pense qu’il s’agit d’une déformation sémantique, il apporte les hypothèses suivantes:

Une chartre du 23 avril 1040, imprimée dans le cartulaire de St Victor sous le n0 52 renferme cette phrase

  • Ego, Wicherius dono ….aquilid de proprietate mea, id Sarturano, in Arcolas, in Centrones, in plomberas” (Moi, Wicherius je donne une partie de mes biens qui se trouvent.. dans un quartier habité par les Centrones)*

Suivons les modifications suivantes en 1278, un acte notarié stipule Santron, alors qu’en 1309 un acte des archives municipales indique san tron, enfin un acte d’attermitage de 1614 précise le nom Saint-tronc.

Pour Saurel, le brassage des populations diverses et la tendance des Marseillais de l’an mil à placer leur quartier sous la protection d’un saint peut expliquer la transformation de l’appellation de notre quartier de centrones en Saint-Tronc.

Saint Tronc – la place (Notez que l’entrée de la bastide Bois Fleury se trouve encore sur la place. Elle sera déplacée dans les années 1970

Voilà donc si l’on suit Saurel, comment notre quartier s’est appelé Saint-Tronc.

Rémy ALACCHI – Marseille, 1998

o Centrones Peuplade venue du massif central. oéja présente sur le plateau de St Tronc à Marseille occupé par Jules César en 50 avJ-C

A lire également