Tunnel – abri des Trois Ponts – 24 Août 1944 – La reddition
Par Remy Alacchi – @ Tous droits réservés – Avril 2021
En hommage à Eugene je Troubat, l’historien de Saint Loup qui est l’auteur de ce précieux témoignage des évènements terribles qu’un secouèrent nos quartiers en août 1944. Cet article rédigé comme un journal de bord nous plonge au coeur des évènements d’août 1944 dans les collines de Saint Tronc .
Il m’avait confié ce texte en 2003, je le restitue ici in extenso sans en changer une ligne .
Remy Alacchi – Tous droits réservés
Le mont Sainte Croix
Deuxième Guerre Mondiale du 3 septembre 1939 au 8 mai 1945 : Nouveau départ d’hommes pour la drôle de guerre. Installation d’une guerre de positions, avec escarmouches, communiqués, la routine.
Dans la campagne Marseillaise les femmes reprennent les rennes. Les moyens ont changé, c’est avec des camions qu’elles apporteront leurs légumes avec ou sans permis de conduire. Au marché de la plaine ; avec des tracteurs qu’elles laboureront leurs champs, mais les chevaux vont revenir, avec la pénurie de carburant.
En 1940.La guerre continue, une guerre où il ne se passe pas grand-chose, puis fin 40 tout s’accélère, c’est la débâcleL”Italie entre en guerre aux côtés des allemands le 17 juin 1940. Le peuple marseillais appela cela « le coup de poignard dans le dos des <<babis»* pourtant peu d’émigrés retournèrent en Italie.
Le 21 juin à 18h40, des avions Italiens viennent bombarder des quartiers populeux de la ville. Il y eut 143 morts, dont une grande partie d’italiens. L’indignation fut générale dans toute la ville. << Après, cela ne pourra jamais plus être comme avant avec les italiens disent les anciens et pourtant…
L’armistice avec l’Allemagne est conclue, c’est le désarroi le plus total. Puis les homme retournent. Il y avait eu des morts, beaucoup de prisonniers, la France était vaincue, sombre était l’avenir. Même en zone dite libre, en peu de temps les produits alimentaires courants devenaient introuvables. Rationnement pour tous, et pour tout. Les cartes d’alimentation sont instaurées. Pour beaucoup de gens du terroir la vie sera aussi difficile que pour ceux de la ville. Ceux qui ont un petit jardin près de leur maison vont faire pousser quelques légumes, et élèveront quelques poules et lapins. On verra renaitre et s’amplifier le mouvement dit des jardins ouvriers dit du Maréchal >> Tout autour de Saint-Loup, dans la campagne jardiniers et laitiers seront moins touchés, Ils pourront parfois pratiquer le troc, pour les plus honnêtes. D’autres se laisseront tenter par le marché noir, avec les avantage et les inconvénients qui en découleront…
Le temps passait, la guerre embrasait le monde. Des prisonniers, il n’en revenait pas, ou très peu alors que la propagande Allemande et Française demandait aux Français d’aller travailler en Allemagne, pour accélérer le retour des prisonniers. C’était la relève, en réalité c’était un leurre. Il s’agissait d’attirer le plus possible de travailleurs vers les usines du Reich manquant de main-d’oeuvre.
La propagande et la censure étaient partout dans tous les journaux, les radios, les cinémas,en zone occupée, comme en zone libre. On ne pouvait plus croire en rien, ni en personne.
Capter la radio de Londres n’était pas toujours facile, le brouillage était permanent, c’était la seule source d’information paraissant crédible.
Après avoir volé de victoire en victoire, le Grand Reich faiblissait sur tous les fronts. En Russie « repli général ». Libye, Rommel et l’Africakorp battus. Dans toute l’Europe occupée la résistance se structurait, les partisans devenaient dangereux.
L’entrée en guerre des Etats Unis fut déterminante, d’abord par sa contribution matérielle colossale vers l’Angleterre, puis par contingents d’hommes jeunes envoyés en Europe. Beaucoup de ceux-là ne retourneront jamais chez eux. La reconquête des territoires annexés par les Japonais depuis 1941 dans le Pacifique faisait du Japon un allié condamné à terme. Tout ce qui pouvait saper le moral des allemands était bon pour celui des Français.
Le 12 novembre 1943 : C’est l’armée allemande qui entra la première dans Marseille, les troupes italiennes n’arrivèrent qu’à partir du 28. L’arrivée des allemands était perçue.
comme un fait de guerre prévisible de la part du vainqueur, l’arrivée des italiens, comme un outrage. Le 26 novembre une rumeur circula: l’Italie demandait l’armistice. Hélas c’était faux,
Ce sera pour plus tard.
L’occupation dans la banlieue ne ressemblait pas exactement à celle de la ville, plus diluée dans l’espace, au début tout au moins. Il n’y avait pas de possibilité de loger de grandes concentrations de troupes, sauf dans les écoles.
Certaines bastides inoccupées, ou partiellement occupées furent requisitionnées. Les fermes durent héberger une partie des chevaux de l’occupant. Les jardiniers, et les laiteries recevaient de fréquentes visites des services du ravitaillement pour des contrôles de production potagère et laitière par rapport au cheptel déclaré. C’étaient des discussions et des marchandages sans fin, quelquefois aboutissant à un « arrangement ». Avec les allemands, c’était des réquisitions pures et simples sans discussion, pour du fourrage, des volailles ou des livraisons de lait, ne tenant pas compte du tout des besoins des services Français, chez les maraîchers, certaines fois, ce furent des ramassages sauvages par l’occupant lui-même. Pour le ravitaillement de la population, c’était ce qui restait donc pas grand chose.
Le tunnel des Trois-Ponts:* 1942 dès le mois de décembre.
Les allemands préparent le plus discrètement possible un grand chantier à Saint-Loup, entre le hameau des Trois-Ponts et celui de Saint-Tronc, en limite des collincs au-dessus du canal; ils avaient entrepris le percement d’une galerie, orientée est-ouest de plus de 200 mètres de long, sur trois étages. Ces importants travaux étaient réalisés par l’Organisation Todt, avec de la main-d’oeuvre essentiellement Indochinoise, c’étaient des soldats et des travailleurs que la France avait fait venir du Vietnam en 1939. Aujourd’hui ils se trouvaien bloqués chez nous ne pouvant plus rentrer dans leurs pays, n’étant plus considérés commes soldats Français par l’occupant, mais comme apatrides, selon les nouvelles lois de Vichy, les rendant plus vulnérables, exposés à la déportation en Allemagne. Cela arrivera aprés que fut institué en février 1943 le Service du travail obligatoire (STO). * la destination de l’ouvrage ne paraissait pas bien définie, un grand bunker, pour l’instant sans tourelles apparentes pouvant abriter des canons, * pas d’implantation de batterie de DC A* non plus dans les environs, juste quelques nids de mitrailleuses. A l’intérieur, sur plusieurs étages, on trouva des armes et munitions et des vivres pour tenir des mois de siège.
Le seul avantage stratégique était une vue dégagée, imprenable sur la rade de Marseille. En fait ce tunnel devait devenir le PC du général commandant la place de Marseille, défendue par 800 hommes d’une garnison permanente. Le Généralmajor était commandant de la place de Marseille, et responsable de la défense, secteur sud de la côte depuis les limites du Var jusqu’à la mer à Marseille. Sa résidence, la bastide des « Roches », était proche du tunnel; un chemin passant dans une tranchée camouflée assurait la liaison.
Les 22 23 janvier : des rafles dans Marseille furent effectuées par la police Française. Ces personnes furent remises à l’occupant puis déportées en Allemagne, très peu sont revenues.
Le 24 janvier 1943 *à partir de 6 heures du matin, c’était l’évacuation des quartiers du Vieux-Port, suivie de deportations en Allemagne pour les uns et d’internement à Fréjus, pour les autres. Ceux qui purent justifier d’un hébergement à Marseille purent rester sur place, pas tous, malheureusement.
Le moindre abri, le moindre refuge, pouvait être le salut. Certains de cabanons des collines, prêtés par un parent ,un ami, ou loués abritèrent des malheureux jetés à la rue en plein hiver, provisoirement pour les uns, de façon plus durable pour d’autres. Quelques unes de ces bonnes fortunes devinrent des logements définitifs.
Aux Trois – Ponts par exemple. des bastides hébergèrent d’autre réfugiés, en majorité de gens recherchés, étrangers, juifs ou personnalités politiques. Cela se fit, autant que faire se peut dans la plus grande discrétion.
A partir de février 1943 des jeunes gens réfractaires aux départs en Allemagne pour leS.T.O.* (service du travail obligatoire) refusant de partir, ils cherchérent et trouvèrent asile dans le terroir; les cachettes étaient peu sûres, les miliciens, les collabos très actifs.
Ces jeunes durent partir, beaucoup plus loin. Bon nombre d’entre eux rejoindront les maquis, certains seront repris; ils partiront en Allemagne. D’autres s’engagèrent dans la nouvelle police les a GMR>*, les Marins Pompiers, la défense passive, même dans la milice!
c’étaient des moyens pour éviter le STO
LE MOIS D’AOÛT 1944
La Libération de Marseille. et de son terroir: Depuis le début du mois d’août, les alertes, les bombardements étaient de plus en plus nombreux. A partir du 11 ils devinrent quotidiens. Les radios, les journaux français étaient aux ordres de la propagande de Vichy et des occupants sans états d’âme. Les seules informations fiables, ne pouvaient venir que de Londres ou d’Alger, toutefois il fallait faire très attention cela devenait dangereux.
Le ravitaillement officiel était inexistant, en dehors des rations quotidiennes, de cent vingt cing, ou deux cent cinquante grammes de pain noir*. Il ne restait que la débrouille et le marché noir.
La population était inquiete, lasse, on sentait le dénouement proche, maintenant, il fallait bien que çà craque. « Le torrent fait un bruit de tonnerre ». C’est par cette phrase diffusée le 14 août sur
Radio Londres et Radio Alger que la résistance fut avertie du débarquement en Provence, pour le lendemain mardi 15 août sur le littoral varois. Ce sera l’opération « Dragoon »
Mardi 15 août : A Saint-Loup le matin, ce torrent ne fit pas un bruit de tonnerre. Les marseillais initiés étaient muets. Les autres attendaient toujours. Les allemands en alerte maximum, depuis plusieurs jours, se montraient le moins possible.
L’aviation alliée qui avait encore intensifié son activité, dès l’aube, bombarda, mitrailla, sur les routes, les chemins, tout convoi pouvant apporter du renfort à l’occupant, ou bien essayant de fuir vers le nord ou l’est.
La nouvelle du débarquement allié en Provence fut diffusée dans la journée le 15 par radio Londres. Elle se répandit dans Marseille. Les gens restérent calmes, sans « estrambord >* faisant comme si rien de particulier ne venait de se produire, mais avec un petit sourire. Ils arrivaient ». C’était une belle soirée, tout paraissait paisible. Plus tard radio France annoncera une tentative de débarquement des alliés, en cours dans le Var, qui allait être repoussée (comme en Normandie)!
En fait c’était trois divisions placées sous le commandement du Général De Lattre de Tassigny* qui débarquerent à partir du 15 sur les plages de Saint-Raphael, le Rayol, Saint- Tropez, Cavallaire et bien d’autres . Obejectif Nº1, libérer Toulon Aubagne et Marseille.
Des troupes Américaines avaient aussi débarqué sur la côte, elles avaient d’autres objectifs. Vers le nord et l’est de la Provence.
Pour Aubagne et Marseille ce sera la 3 DIA renforcée de Tabors Marocains et des blindés du 2 cuirassé *, le tout sous le commandement du Général Goislards de Monsabert.
Mercredi 16 août la chasse alliée continuait ses raids impitoyables, l’ aviation ennemie se faisait rare.
Plus rien ne fonctionnait normalement, ni trains, ni téléphones, ni poste, juste quelques tramways. Les Allemands avaient détruit la station de Radio Marseille Provence. Il fallait rester aux abris. Radio Londres avait annoncé qu’après le débarquement réussi, les troupes progressaient rapidement vers Toulon et Marseille.
Dans la soirée venant de l’est, le bruit lointain de la canonnade devint perceptible.
Cette fois c’était chez nous. Les allemands étaient tendus, ne laissant rien paraître, ils semontraient toujours le moins possible.
Jeudi 17 Août : les avions alliés reprirent dès l’aube leur chasse sans merci; ils avaient la maîtrise absolue du ciel. Ce qui restait de la chasse ennemie était cloué au sol faute de carburant et de pièces de rechange.
L’armée allemande raflait vélos, motos, tout ce qui roulait, tentant de réquisitionner dans la banlieue, mulets, chevaux, charrettes, sans succès, ne récupérant même pas tous leurs chevaux hébergés dans les fermes . L’occupant commençait le décrochage en direction de la vallée du Rhône et des Alpes, dans la hâte, pas encore dans la panique, mais cela allait venir.
Venant de l’est le bruit de la canonnade se rapprochait. Beaucoup de monde couchait dans les abris. Certaines maisons du quartier placées d’après l’occupant à des points stratégiques pour pétrir du pain furent évacuées durant plusieurs jours. La plupart des boulangeries n’avaient plus de farine
Autour du Tunnel des Trois-Ponts*: Depuis l’annonce du débarquement. Les résidents proches, voire moins proches, étaient fortement anxieux connaissant le dispositif allemand:
Tunnel, plus P-C du Général Claus Boie, plus 800 soldats en permanence dont une partie composée de nouveaux arrivants. Il y avait de quoi s’inquiéter. Avec l’aide de jeunes résistants du cru des militaires du renseignements, s’approcherent jusqu’aux maisons se trouvant dans la zone des installations allemandes au péril de leurs vies. Ils rapporterent que l’état d’enervement des sentinelles était tel que certaines tiraient sur tout ce qui bougeait.
Il y aurait eu des morts parmi les civils du voisinage?
Une partie de la population se préoccupait de trouver des abris plus éloignés plus fiables, si une bataille s’engageait pour la prise du tunnel, mais o aller ? Dans les collines, certains le tentèrent
Vendredi 18 Août : De bonne heure, I’on apprenait que deux membres d’une même famille avaient eté tués devant leur maison proche du tunnel
A partir de six heures du matin à Saint-Loup l’on entendit un bombardement vers le nord . Qu’est ce ? C’était le quartier de Saint-Lazare qui recevait des bombes, sans doute destinées à la batterie du Racati. Il y eut encore une trentaine de vietimes civiles.
Vers dix heures du matin, les tramwnys étaient paralysts, pannes d’électricité réelles, greve ou sabotages ? Les maquis commençaient à s’agiter, à se regrouper dans les banlieues.
Les Allemands privés de renseignements, restaient terrés dans les bastides qu’ils occupaient, attendant des ordres qui ne viendront plus. Désertions, départ en hâte d’officiers même supérieurs. Cette fois s’était la panique, la chasse au « Fritz » était ouverte, si l’on peut dire.
Samedi 19 Aout : A Saint-Loup premier accrochage sérieux entre FFI* du quartier, pas encore regroupés sur Marseille et les occupants d’un véhicule allemand descendant du tunnel. Il yc eut deux morts, un dans chaque camp.
Dans le Var sur le plateau du Castellet, au carrefour du Camp, la bataille fit rage toute la nuit, entre la 3° DIA* qui avait rattrapé une unité de grenadiers allemands envoyée en renfort depuis le côte Varoise, se dirigeant à pieds vers Aubagne, pour y installer un verrou. Ce verrou ne fut jamais mis en place, les grenadiers en chemin avaient reçu un contre ordre,
ils devaient rejoindre la garnison de Marseille en urgence, toujours par le bord des collines.
Le 20 août au matin, sur le plateau du Camp, les allemands avaient disparu, le site était aux mains des troupes françaises, la progression sur le terrain était plus rapide que prévue par l’Etat Major. La prise de Toulon ne faisait plus de doute.
Une partie des troupes débarquées depuis le 15 août était regroupée sur le plateau duCastellet. en bordure de la route n°8, reliant Toulon à Marseille 40 kilomètres plus loin
C’était très tentant, mais il fallait prendre d’abord Aubagne. Attaques menées par des F FI, sur des convois à Château-Gombert, la Capelette, et sur le Jarret,
la batterie du Merlan était assiégée, par les FFI
A Saint-Loup nouveaux contacts avec des patrouilles motorisées, pas de mort chez les FFI deux chez les occupants.
Plus de moyen de transport pour le ravitaillement, plus de pain dans les boulangeries. Mazot * Camballaire aux moulins Rémuzat à la Capelette portera sur son dos plusieurs balles de 100 kilos de farine chez les boulangers des alentours, notamment à la boulangerie Flézia à l’entrée de Saint-Loup. Lorsqu’il déballa son fardeau 1300 mètres plus loin, l’on s’aperçut que le sac était percé à deux endroits, deux balles de mitrailleuse s’étaient logées dans la farine. « Mazo » s’en alla pour continuer sa tournée.
Le bruit des fusillades et des canonnades est ininterrompu, celui des explosions isolées rappelait que depuis plusieurs jours les allemands détruisaient systématiquement les installations portuaires, pauvre Marseille !
A Saint-Loup, les premiers combats meurtriers, entre FFI et soldats de la garnison du tunnel, eurent lieu à l’entrée du côté des Trois-Ponts, à Sainte-Marguerite, également à l’angle de la rue Pierre Doize et du Bd de Saint-Loup. Le 21 août 8 heures du matin à Aubagne. Le 7RI A, un groupe de blindé et deux tabors marocains* assiègent la ville. La Résistance s’était déjà emparé de la mairie et ducentre mais, tout autour les combats feront rage toute la nuit suivante. Les Allemand defendirent leurs points d’appuis âprement, souvent au corps à corps.
Les Goumiers attaquèrent un à un 17 fois et enlevèrent les points forts de résistance ennemie.Dans la matinée une délégation de résistants Marseillais était porteur d’un message de
Lionel rencontré au PC de Gémenos *le général Sudre, lui demandant d’attaquer Marseille en toute hâte, sinon la résistance sera écrasée!
Dans l’après-midi, le Général De Monsabert propose au général en chef De Lattre de Tassigny de prendre Marseille le plus vite possible. Ce dernier s’y oppose farouchemen pour des raisons politiques * Finalement le feu vert est donné au général de Monsabertpour lancer l’assaut tant attendu sur Marseille. Le fougueux général dit « Après-demain, je boirai le pastis sur la Canebière »
Dans la soirée, Aubagne était libéré par les goumiers du 2 GTM.et les blindés
La bataille pour Marseille pouvait commencer. Le Général de Monsabert décide de faire attaquer le centre ville par l’axe est-ouest. Lc 1″ bataillon du 7 RTA,* commandé par le Colonel Chappuis est déjà en route par les chemins des collines, passant par le massif du Garlaban.
Un ordre du général de Montsabert l’oblige à s’arrêter en pleine garrigue. Puis plus tard il recevra l’ordre de repartir en accélérant si possible, par Eoures, les Camoins, la Valentine; arrivé à Saint-Julien, en fin d’après midi , il se repose sur place une partie de la nuit.
Monsabert décide aussi de faire contourner la ville, par le nord et par le sud toujours en passant par des sentiers escarpés, sachant que l’ensemble de ses hommes est parfaitement aguerri depuis les campagnes de Sicile et d’Italie pour ce genre de combat en terrain très accidenté. Côté sud le Colonel Boyer de la Tour avec le 2º Tabor traverse le massif de Saint-Cyr il domine les quartiers sud, la vallé de l’Huveaune et la route de Marseille.
Le 2 groupement du 6 Tabor du lieutenant-colonel Edon, se dirigera vers le camp de Carpiagne qu’il prendra le 23,puis rejoindra le 30 RTM dans la vallée de l’Huveaune.
Mercredi 23 Août : la route Nationale N°8 est libre: Le Colonel Massiet du Biest et les Goumiersdu 3G TM entreprennent la descente de la vallée de l’Huveaune. A Saint-Marcel ils ont un accrochage sérieux avec les hommes de la garnison du château de la Marquise *.Ils prennent position; le combat s’engage vers 23h il durera toute la nuit. Pour ne pas ralentir lmarche du Tabor, la plus grande partie des hommes continuera en direction de Saint-Loup et du tunnel des Trois-Ponts.
Les grenadiers allemands passèrent par le château de Forbin, mais eux aussi rejoindront par les collines, le tunnel
La population des Trois-Ponts témoin de cette arrivée massive de troupes ennemies, était anxieuse, elle craignait des combats sanglants. Le hasard de la guerre aidant… les grenadiers, continuèrent leur course éperdue vers un autre destin.
Le Colonel Chapuis et ses hommes, à l’aube, reprennent leur progression en direction du
centre ville, vers sept heures trente ils arrivent par le Bd de la Blancarde traversent le Jarret, enjambent une dernière barricade, c’est la rencontre avec la population Marseillaise, mais surprise merveilleuse, ces soldats ne sont ni Anglais, ni Américains, mais Français, ceux de la 3RDA*« Ils arrivent à pied, comme de vrais pousse-cailloux »* .Ils descendront vers le centre par la Bd de la Madeleine devenu depuis Bd de la Libération Goislard de Monsabert.
A 10 heures, Montsabert comme l’appellent déjà les Marseillais, entre dans la ville. Il est le premier commandant de la place de Marseille; la ville n’est pas encore complètement libérée.
Dans le terroir, les bastides réquisitionnées par l’occupant sont désertées hâtivement une à une. Abandonnant sur place beaucoup de matériels et de vivres, les gens des alentours vont etre les auteurs de quelques de pillages, mais l’armée arrivera, les choses se calmeront.
Jeudi 24 Août : En fin de matinée la position de Saint-Marcel est neutralisée. Les Goumiers, font plus de 300 prisonniers. Cette position était considérée par les services du renseignement comme point très coriace.
*Le 3 GTM avait repris la descente dans la vallée, avec comme prochain objectif rejoindre leurs unités et investir le tunnel des Trois-Ponts. Contrairement à ce que tout le monde attendait, dans le tunnel et le PC voisin du Généralmajor Claus Boie* ,il n’y eut pas de véritable combat, le Général se rendit sans grande résistance avec son état-major au complet, soit 50 officiers, dont 3 colonels, et plus de 400 hommes.
Le tunnel-bunker n’avait pas pu servir de camp retranché n’étant pas encore complètement
opérationnel, malgré un stock d’armes, de munitions et de vivres très impressionnant, que trouvèrent les soldats et les FFI qui l’investirent;
Il fut prétendu que les Allemands tinrent rigueur au général Boie de s’être rendu assez piteusement; Il était peut-être lucide simplement. Saint-Loup « l’avait échappé belle ».
Vendredi 25 : Les goumiers des 2 et 3* GTM achevèrent le nettoyage autour du tunnel, dans les collines et les environs de Saint-Loup, puis rejoignirent les autres goums ayant dégagé la côte sud.
Les infatigables grenadiers marcheurs, furent capturés, épuisés, sans résistance, dans la matinée prés de Sainte-Margerite.
Dans l’après-midi les différents Tabors de la zone sud avaient déjà regroupé plus de 4000 prisonniers qui furent conduits au camp de Sainte-Marthe.
Tous les points fortifiés de la vallée, ont été réduits.
Première halte de repos et de regroupement dans les banlieue est pour les troupes Françaises. Une partie des hommes et officiers ayant participé aux combats libérateurs, camperont dans les environs notamment dans les bastides fraîchement abandonnées par les précédants occupants. Mais l’ordre formel était de rester vigilant, en patrouillan inlassablement sur leurs engins bizarres, les Jepps
Les fermes, écuries, terres et prairies requisitionnées par l’occupant seront restituées aux exploitants. La situation est confuse, beaucoup de soldats et officiers allemands isolés, désemparés, quelquefois même en civil, erraient dans la banlieue. Attaqués par les F F I, se cachant ne voulant pas se rendre aux « terroriste» par peur d’être exécutés sur place, préférant le faire avec les troupes régulières, ils étaient aux abois. Cela créa des situations très dangereuses qui firent beaucoup de morts, y compris des civils.
Dimanche 27 Août :
A Saint-Loup les gens sortent dans la rue. Le cauchemar semble fini, la préoccupation première pour tout le monde est toujours le ravitaillement Aux alentours l’on entend encor des fusillades.
Lundi 28 août : Est affichée et diffusée dans tout Marseille, la proclamation du Général de Montsabert, annonçant la capitulation de l’ennemi aux conditions qu’il avait imposées,
Marseille était libérée
Annexes : Notes
1940 par le Maréchal Pétain
Légionnaire, lui même issu de la Légion Française des combattants, créée en
MS: Milice Socialiste
RIA: Régiment d’Infanterie Algérien
RTA :Régiment de Tirailleurs Algériens
« Combal-command » Groupe blindé commandé par le Général Sudre faisant partie de
la 2 DB, soit deux escadrons
Dragoon : Nom de code choisi par les Alliés, pour le débarquement en Provence
Gemenos : c’est à l’hôtellerie Le Relais de la Magdeleine w que se trouvait le PC des
forces Françaises.
Claus Boie ou Boje : Général Allemand commandant le dispositif de défense depuis le
Var (après Toulon) jusqu’à Marseille et de tout le côté sud de Marseille, il était aussi
commandant de la place. Dans son livre de 1947 «Marseille sous l’occupation >>
André Négis parle de sa reddition peu glorieuse dans son PC de Saint-Tronc, page 275
Goum Goumier: En arabe, Troupe. Formation militaire Marocaine, fournie par une tribut
pour étre regroupée dans un Tabor
Organisation Todt : Organisation paramilitaire Nazis spécialisée dans la construction
d’ouvrages militaires de défenses, dans les pays occupés, elles utilisait de la main
d’auvre fournie par le STO
Schaefer Général-leutnant:commandant la place de Marseille qui signa la reddition sans condition des forces du Reich
Tabors Corps de troupes marocain formant plusieurs goums et équivalant à un bataillon
d’infanterie. Pendant la prise de Marseille, il furent d’une efficacité, d’un courage
remarquable.
1940 par le Maréchal Pétain
Légionnaire, lui même issu de la Légion Française des combattants, créée en
MS: Milice Socialiste
RIA: Régiment d’Infanterie Algérien
RTA :Régiment de Tirailleurs Algériens
« Combal-command » Groupe blindé commandé par le Général Sudre faisant partie de
la 2 DB, soit deux escadrons
Dragoon :Nom de code choisi par les Alliés, pour le débarquement en Provence
Gemenos :c’est à l’hôtellerie Le Relais de la Magdeleine w que se trouvait le PC des
forces Françaises.
Claus Boie ou Boje : Général Allemand commandant le dispositif de défense depuis le
Var (après Toulon) jusqu’à Marseille et de tout le côté sud de Marseille, il était aussi
commandant de la place. Dans son livre de 1947 «Marseille sous l’occupation >>
André Négis parle de sa reddition peu glorieuse dans son PC de Saint-Tronc, page 275
Goum Goumier: En arabe, Troupe. Formation militaire Marocaine, fournie par une tribut
pour étre regroupée dans un Tabor
Organisation Tod : Organisation paramilitaire Nazis spécialisée dans la construction
d’ouvrages militaires de défenses, dans les pays occupés, elles utilisait de la main
d’auvre fournie par le STO
Schaefer Général-leutnant:commandant la place de Marseille qui signa la reddition
sans condition des forces du Reich
Tabors Corps de troupes marocain formant plusieurs goums et équivalant à un bataillon
d’infanterie. Pendant la prise de Marseille, il furent d’une efficacité, d’un courage
remarquable.
« La Marquise : Dans le quartier de Saint-Marcel est connu sous cette appellation
le chateau ou bastide des Forbin tres ancienne famille provencale
Mazo le canbalaire :De son vrai nom Mazotii Marius, voir à Cambalaire
Marche-noir: Vente illicite de produits rares. Cela perdurera plusieurs années après la guerre
André Négis: Pousse-cailloux,pages 266 « Marseille sous l’occupation » 197 page
266
un système de rationnement par carte d’alimentation, alloué pour chacun
Pain noir : Pain fabriqué pendant la guerre, très lourd, d’un gout douteux, vendu suivant
catégories 125gr pour les A (adultes). 250gr travailleurs de force et J3 (jeunes de
13 à 20ans ) et femmes enceintes, les cartes étaient aussi valables, pour la plupart des denrées (viandes, pattes, ria matière grasses etc)
PC:Poste de commandement
Politique : Le Général de Lattre, pensail que la prise de pouvoir par les mouvements de la
résistance pouvait être le point de départ d’une insurrection fomentée par les partis de gauche
Racatti :Terrain vague et jeu de boules célebre, se trouvant entre la Gare Saint-Charles
et le quartier de Saint-Lazure, où les Allemand avaient installé une Batterie de
canons de gros calibre qui causa la terreur dans la ville pendant la bataille de
Marseille
Andre Sauvageau: Auteur de « Marseille dans la tourmente >>1949 de la Page 59 à 72
Abréviation et explication des termes militaires. Nom et fonction des principaux chefs,
dans les deur camps.
:Armée Secrète maquisards, ou clandestins, dépendants directement de Londres.
AS
Commandant Crosia :Ce officier de renseignement de le l’armée a rempli de
nombreuses missions de parlementaires avec l’ennemi, plusieurs fois il réussira à
faire cesser des combats devents inutiles. Il a en outre écrit de belle pages sur la
bataille de Marseille dans son livre « Marseille 1944 victoire Française.
FF:Forces Françaises de l’intérieur
FTP :Franc -Tireurs et Partisans
GMR: Groupe mobile de réserve unité de police créée sous l’occupation pour contre-
balancer la Gendarmerie Mobile, jugée trop militaire Ils seront remplaces après
la libération, par les CRS, Compagnies. Républicaines de sécurité, toujours
existantes
Général de Lattre de Tassigny: Commandant en chef des troupes Française ayant
débarquées en Provence le 3 RIA, les blindés les Tabords Marocains, devant attaquer
Marseille.
Général de Goistar de Monsaber: Commandant de l’avant-garde devant prendre
Toulon, Aubagne et Marseille renforcée par des troupes qui débarqueront les jour
suivants.
Général Guillaume :Commandant les Tabors
Général Sudre : Commandant des blindés
Lionel sous ce nom est connu dans la clandestinité Francis Leenhardt,
qui sera Président du Comité de Libération des Bouches-du Rhône.
Milice organisation paramilitaire collaborationniste, issue en 1943 du service d’ordre
*Cette victoire, nous la devons à tous. FF I Armée Française d’Afrique et population
Marseillaise. Pourtant nous devrons toujours avoir une profonde gratitude envers tous ses
enfants d’Algérie Tirailleurs, ou Fantassins, ainsi qu’aux légendaires Goumiers des Tabors
de l’Atlas Marocain qui ont laissé plus de 1600 des leurs sur notre terre pour que nous
soyons Libre.
Des exactions ont été perpétrées dès les premiers jours qui suivirent la libération à Saint-
Loup, comme ailleurs: Exécutions sommaires, règlements de compte nombreux femmes
tondues, populace déchaînée, pillages, rackets et autres violences, accompagnent hélas
presque toujours les grands moments de l’histoire.
Le temps a peut-être estompé des douleurs, des ressentiments… Il y a maintenant plus de
60 ans de cela, beaucoup d’acteurs, et témoins de cette terrible période sont morts,
d’autres sont toujours dans le quartier avec leurs familles, certains n’y sont jamais revenu.
Saint-Loup paya un lourd tribut. Nombreux sont les nôtres disparus durant ces cinq années
de guerres, dans les camps de prisonniers, de déportés en France, en Allemagne, dans les
maquis, pendant la libération du pays, au cours des campagnes de France et d’Allemagne. Si
le village n’a jamais été bombardé, nombre des siens périrent, sous les bombes, Italiennes,
Allemandes, Anglaises ou Américaines dans la ville ou en d’autres lieux.
Mais la période qui suivra la Libération restera malgré les deuils, pour certains, l’incertitude
pour tous ceux qui attendent le retour d’un des leurs prisonnier, déportés,ou militaires
encore en campagne, le moment de tous les espoirs: on allait refaire le monde à Saint-Loup
comme ailleurs.
*Les fêtes de la Libération, et bien d’autres par la suite jusqu’à la victoire en mai
1945,se dérouleront toujours dans le dans le parc de la Blancherie. Le grand bassin
circulaire une fois vidé de son cau,(les carpes étaient depuis longtemps passées à la
casserole pour cause de restriction), devint une piste de danse improvisée mais très
appréciée par la jeunesse et les autres.
*Voilà un bref résumé, de ce que fut de la vie, dans le terroir marseillais depuis l’arrivée du
canal à Saint-Loup en 1849 le jour de la Fête Dieu, jusqu’après le 8 mai 1945.en somme
*pendant un siècle.
Lexique : Français -Provençal.
Babis: Pr Crapaud,terme de mépris.
Cambalaire : Pr en provençal de Marseille « Camballeur » Employé dans un moulin
ou dans une Minoterie, qui était chargé de la manutention des balles de farine
pesant 100k pièce dans l’entreprise, assurant aussi le chargement de ces balles sur
les camions de livraison et leurs déchargements chez les boulangers.
Carte d’alimentation : Voir pain noir
Estrambord :Pr, Transport d’enthousiasme
Jardin ouvrier ou jardin du Maréchal :De nombreuses associations géraient des jardins
ouvriers depuis 1936 dans les banlieues A partir de 1940 l’appellation jardins du
Maréchal fait partie de la propagande vichyste pour « Le retour à la terre >>
Janvier les 22 23 24 :Grandes rafles de Marseille et évacuation avec destruction des
vieux quartiers de Saint-Jean
Italie .voir André Sauvageot (Marseille dans la fourmente) 1949
E.Troubat
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