LA GROTTE ARTIFICIELLE DU CHÂTEAU DES ROCHES

Par Rémy Alacchi Tous droits réservés

Cela fait plusieurs années que j’en ai l’intuition. Des recherches récentes sur le terrain me conduisent à poser l’hypothèse suivante.

Un bassin d’agrément ainsi qu’une grotte artificielle a dû rester sur les hauteurs du château au-dessus de l’actuel garage du Ruissatel.

Reprenons nos travaux précédents pour comprendre le contexte de nos recherches

Emplacement du château :

j’ai toujours envisagé que l’entrée du château devait se situer sur l’emplacement actuel de Gifi Les platanes qui existent toujours balisaient le chemin qui partait à l’assaut du château en promontoire. Il n’est pas impossible qu’une grille d’entrée du château ait pu exister, peut être sur le chemin de Saint Tronc.

J’ai longtemps été dans l’erreur quant à l’emplacement du château que je croyais plus à l’ouest qu’il n’était en réalité. C’est le pin immense derrière qui m’a servi de point de repère et que je l’ai confondu avec un arbre qui existe toujours.

Depuis le château, la route que l’on aperçoit qui serpente semble suivre le même tracé que la route actuelle. En comparant cette photo des années 50 avec un cliché Google earth , on peut situer approximativement l’édifice sur l’emplacement actuel du Garlaban mais légèrement décentré sur la droite et face à l’ancien chemin.

L’on peut apercevoir dans l’encadré bleu sur la photo des années 1950 le bassin d’agrément. Il est d’ailleurs encore visible de nos jours

En 1999, au dessus de l’ancienne pièce d’eau en forme de haricot, nous avions trouvé des morceaux de tuyauterie en argile. A l’origine, eux–ci très certainement enterrés se vissaient les uns dans les autres. Les multiples soubresauts du terrain les on fait réapparaître. Ces tuyaux de belles factures avaient une fonction unique : alimenter le bassin d’agrément en eau.

Plusieurs questions restent à ce jour en suspens

  • où venait l’eau et un système d’irrigation a-t-il existé ? Si vous vous rendez sur les lieux, vous pourrez voir ce rectangle de pierre étrange.  C’est une redécouverte récente que le défrichement a permis de mettre au jour. Ce quadrilatère est constitué des mêmes pierres que les restanques. Un détail est certain, il se trouve en promontoire de la salle d’eau et du bassin.

Examinons le de près,

Première possibilité, il était peut être la base d’une citerne qui captait l’eau de pluie ou d’une source qui dévallait le long de la colline pour venir irriguer le bassin, la salle d’eau et peut être les cultures des restanques.

Deuxième possibilité : il était le lieu de stockage d’une eau pompée depuis le canal en contrebas (Le dénivelé est important mais la distance ne l’est pas (moins de 100 mètres depuis le canal en contrebas)

Il est possible qu’un système d’irrigation ait existé (peut-être en circuit ferm) pour alimenter en eau le bassin d’agrément. La présence de la tranchée toujours visible pourrait confirmer l’hypothèse d’une ancienne conduite d’irrigation. Celle-ci semble se diriger vers les restanques, mais rien ne nous permet d’affirmer que l’eau captée ait pu irriguer les cultures à des fins agricoles

La grotte artificielle

En regardant de près la roche à cet endroit, l’on s’aperçoit que celle-ci a été tapissée d’un enduit de ciment. Dans quelle but ? Maintenir la roche ? La rendre moins anguleuse.

Sur la photo, l’on peut remarquer dans le cercle bleu que l’eau avec le temps a poli la pierre . L’eau a dû ruisseler a cette endroit .Cet écoulement d’eau n’avait rien de naturel, il devait provenir de plus haut et artificiellement

Une grotte artificielle a donc pu exister à cet endroit a proximité du bassin. Si nous n’avons pas la certitude, nous savons que les riches bastides marseillaises possédaient souvent un bassin d’agrément et une grotte artificielle (Bastide Bois Fleuri).

Autre point important, nous savons que le château possédait un bassin et nous avons retrouvé les anciens conduits d’eau en terre cuite. En outre, una ancienne éminence en pierre servant de château d’eau existe toujours au dessus du présumé bassin.

Enfin, autre point important, le lieu tel qu’il se présente aujourd’hui parle plus que toutes mes lignes.

A cet endroit, la terre remuée lors de la construction des garages du Ruissatel semble parler de nouveau. particulièrement meuble, le terrain dévoile une crevasse sur la gauche attestant d’une cavité souterraine. Peut-être est-ce l’emplacement de l’ancien bassin. En tous les cas, la photo de 1951 l’atteste à cet endroit précis

a suivre…

La salle d’eau

Enfant, lorsque nous la découvrîmes, la salle d’eau était beaucoup moins altérée qu’aujourd’hui. En 1975 , celle ci avait conservé sa forme et des pans. Au sol, du carrelage bleuté avec un conduit d’évacuation au centre.

Nous l’avions appelé la salle d’eau car il n’y avait aucun doute possible quant à la destination ancienne de cette salle. Dans notre logistique d’enfant , nous l’avions associé au château car la légende locale était parvenu jusqu’à nous . Nous savions qu’un bassin avait existé à cette endroit

Nous avions initialement pensé que cette salle puisse consister en une salle pour se changer et se baigner dans l’eau d’un bassin. Hautement improbable en vérité. Il serait difficilement concevable d’envisager les propriétaires et les châtelains ni même se doucher à cet endroit. Et puis il y avait la céramique au sol et le trou d’évacuation. Quelqu’un avait construit à cet endroit une douche mais nous ne savions pas qui

Plusieurs points demeuraient mystérieux. Cela ne collait pas : même enfant nous en avions conscience.

Pourquoi mettre une salle d’eau à côté d’un bassin ? Cela ne tenait pas la route. Pourtant le mythe de la salle d’eau attribué au château se perpétua jusqu’à très récemment.

Des visites multiples sur le terrain m’ont permis de repérer plusieurs détails. Premièrement le ciment de la salle d’eau n’est pas le même que l’enduit posé sur la pierre environnante.

Deuxièmement, la salle d’eau semble avoir pu bénéficié d’une installation plus ancienne d’adduction des eaux. Quelqu’un a donc habilement détourné l’installation ancienne de sa vocation esthétique et symbolique initiale. Nous pouvons également constater que ceux qui ont bâti la douche ont habilement posé sur la roche, utilisant ainsi la déclivité naturelle du terrain. Tout semble nous indiquer qu’à une certaine époque, le lieu n’a pas eu la même utilité que du temps des propriétaires du château.

Nous savons que ceux-ci ont occupé le château jusqu’à l’arrivée des Allemands en 1942.

Une discussion récente avec l’un des descendants de la famille propriétaire du château m’a fait considérer le problème autrement.

Reprenons notre fil : S’il est peu probable que la salle d’eau ait être construite par les propriétaires du château, la famille Guérin, c’est donc qu’elle a été bâtie après.

Après élimination de toutes les probabilités, il ne reste qu’une hypothèse viable. Il est tout à fait envisageable que les Allemands aient utilisé l’ancien bassin, ainsi que les anciennes arrivées d’eau pour alimenter une douche pour les soldats logés à l’extérieur du château. Nous savons qu’il étaient plusieurs centaines dans des baraquements alentours et notamment près du canal. Il est même tout-à-fait possible que la salle ait été construite à l’emplacement mème de la cavité de l’ancienne grotte artificielle.

En nous inspirant d’une grotte artificielle toujours visible dans le quartier Saint Just à Marseille, nous pouvons aisément imaginer l’ancienne grotte du château des Roches. D’ailleurs sur cette photo, nous pouvons remarquer l’emploi d’une technique d’enduit en ciment pour simuler la rocaille d’une grotte.

Il est très émouvant pour moi de mettre en forme toutes ces impressions que j’avais eu enfant, lorsque je découvris ce lieu pour la première fois trente ans après la fin de la guerre.

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